dimanche 26 juillet 2015

San Francisco Blues (1)

Cette série est la suite de "Miami District"
PROLOGUE

En cette calme matinée de printemps, la jeune femme courait seule sur les chemins de Presidio Park ; elle croisait régulièrement des groupes de joggers et les saluait d’un hochement de tête accompagné d’un demi-sourire. Ses courts cheveux noirs virevoltaient au rythme élevé de ses foulées. Dans une montée très raide, elle dépassa rapidement un groupe de plusieurs femmes qui la saluèrent en riant.

— Yo, Kim Conley ! (NDA : Kim Conley est une championne californienne s’étant illustrée dans des courses de fond entre le 5 000 m et le semi-marathon)

— Fonce, ma belle !
Sans répondre, plongée dans ses pensées, la jeune femme quitta le parc et suivit Broadway Street à un train soutenu, performance difficile car cette longue rue qu’elle parcourait d’ouest en est monte et descend en permanence, imposant des efforts plus intenses. Mais elle gardait sa cadence malgré sa respiration devenant parfois plus saccadée.

Ses chaussures de running noires tapaient souplement les larges trottoirs ; les passants la suivaient du regard, se retournant sur ses longues jambes fuselées qui l’entraînaient rapidement loin d’eux. Indifférente, plongée dans son monde et au-delà de l’épuisement, elle tourna dans Union Street et ralentit pour terminer en marchant. Les épaules relâchées, elle but le reste d’eau sucrée contenue dans la gourde souple qu’elle portait à sa taille avant de passer la main sur son épaule droite. La longue cicatrice qui la traversait à l’horizontale la démangeait encore.

Elle regarda autour d’elle tout en prenant d’amples respirations et en contrôlant son rythme cardiaque qui retombait lentement en dessous de cent pulsations par minute. Elle examina son reflet dans la vitrine de la boutique d’informatique du rez-de-chaussée, passa les doigts dans sa chevelure d’un noir de jais et songea qu’il était temps de refaire une teinture, ses racines blondes commençant à être visibles.

À nouveau. Elle s’était habituée à cette noirceur comme à avoir les cheveux mi-longs. Le temps où elle portait une blonde queue-de-cheval était révolu ; il appartenait à un passé lointain, celui où elle croyait encore au bonheur et à l’amour.

Dans sa courte vie, elle avait connu une parenthèse enchantée qui s’était refermée brutalement. Ç’avait été la fin de ses rêves, le début de son blues.

CHAPITRE UN : RETROUVAILLES

C’était une belle journée ensoleillée ; j’avais couru presque deux heures ce matin, la course à pied étant le seul sport que je pouvais encore pratiquer, budget serré oblige. Et j’en avais besoin pour dissiper ma colère et mes angoisses. Je me shootais au footing, l’épuisement généré me permettant de maîtriser un tant soit peu ma dépression chronique. Je n’avais pas les moyens de suivre une psychothérapie, vu ce que je gagnais et le loyer de ma colocation.

Je travaillais dans un restaurant de standing comme hôtesse d’accueil, préposée au vestiaire, grouillot en cuisine, et toute autre tâche subalterne ; et depuis peu, mon patron m’avait promue serveuse pour me témoigner sa confiance. Je partageais un appartement sur Union Street dans le quartier de Colombus avec Kachina, une jolie danseuse exotique. Je m’entendais super bien avec elle, ce qui me permettait de tenir bon quand mon moral était en berne ; et en berne, il l’était trop souvent depuis deux ans.

Je croyais qu’avec le temps tout s’arrangerait. Hélas, si mes blessures physiques n’étaient plus qu’un lointain souvenir – j’avais en effet récupéré 90% de la mobilité de mon épaule – pour le reste j’étais toujours aussi dévastée. Le trou dans mon cœur était aussi gros que le Ritz.

Je n’avais pas cherché à contacter ni Anita ni Callie, les seules personnes dont je savais l’affection. J’avais coupé les ponts complètement, changé de nom ; je m’appelais maintenant Stephanie LaSalle. J’avais teint en noir mes cheveux qui avaient repoussé et atteignaient presque mes épaules. Un nouveau look pour une nouvelle vie.

Dis donc, Steph, tu appelles ça une vie, toi ? Tu te caches, tu pleures sans arrêt, tu vis au jour le jour. Si tu meurs demain, personne ne te regrettera. Quant à ta vie affective, elle n’est plus qu’un désert, un désert plus aride que le désert de Gobi.

Je suis revenue au restaurant après ma pause de deux heures ; j’étais passée à l’appartement discuter avec Kachina dont la bonne humeur permanente me mettait du baume au cœur. Elle s’étirait en bâillant dans le canapé quand j’étais arrivée, et nous avions discuté de ses amours ; elle avait vingt-et-un ans comme moi et collectionnait les aventures sans lendemain. De père Écossais et de mère Mandan (une tribu indienne du Dakota du Nord), elle cumulait la beauté des deux ethnies : grande et mince, cheveux noirs, yeux bleus dans un visage félin aux pommettes hautes ; alliées à cela la souplesse d’une liane et la grâce d’une panthère, ainsi qu’une jolie poitrine bien ferme aux petites aréoles brunes.

Elle m’autorisait depuis peu à jouer avec son corps de déesse, à la vénérer avec ma langue et à lui donner du plaisir. À son grand chagrin, je refusais toujours la réciproque, et mon corps était en jachère du moindre orgasme depuis cette dernière nuit avec Jason ; presque deux ans plus tôt.

J’étais arrivée à Frisco plus morte que vive. Dans un café des docks j’avais parcouru les petites annonces ; si l’on n’est pas trop regardant, il y a plein de petits boulots ingrats et mal payés. Vu mon état de faiblesse, j’ai été obligée de trier et de chercher un emploi pas trop physique ; mon premier job dans une cartonnerie près des docks, je l’ai gardé un mois, le temps de retrouver l’usage normal de mes pieds.

Ma rencontre avec Kachina a été Le Signe positif du destin qui m’a permis de survivre ; je venais de trouver un nouvel emploi précaire dans un bar et cherchais une location dans mes maigres moyens ; elle aussi. Nous avions le même âge, le même besoin d’un endroit où nous poser. Nous nous sommes jaugées en silence et avons tout de suite compris que tout se passerait bien entre nous.

— Quand je t’ai vue pour la première fois, j’ai été bouleversée par ta beauté et ta fragilité, m’expliqua-t-elle un jour ; tu ressemblais à un vase en cristal brisé dont on aurait recollé les morceaux n’importe comment. Un très joli vase, mais en très mauvais état.

Elle avait vu en moi un oiseau blessé et tombé du nid, ce qui n’était pas faux. Elle m’avait soutenue contre vents et marées ; nous avons emménagé ensemble dans un vrai taudis au-dessus d’un magasin de réparation informatique. Nous avons tout nettoyé et repeint ensemble dans des teintes pastel claires et lumineuses, nous avons poncé le vieux parquet avant de le vitrifier. Deux petites chambres, un salon-cuisine, une salle d’eau minuscule avec des toilettes ; nous étions satisfaites de notre logement. Et nous avons fêté ça dans le bar où j’avais trouvé un emploi de serveuse.

— Tu sais, Steph, tu as meilleure mine ; tu ne m’as toujours pas raconté ta vie, mais je devine que tu en as bavé bien plus que moi.
— C’est possible, lui répondis-je, me dévoilant un peu. Ce que tu as vu comme cicatrice sur mon épaule, ce n’est rien. Mon cœur est ouvert en deux, explosé, détruit. L’homme que j’aimais est dans le coma, son père m’a donné le choix entre devenir sa pute attitrée ou être jetée à la rue et rembourser des frais de scolarité sur des années. Je me suis enfuie, j’ai changé de nom et de couleur de cheveux. Je veux tirer un trait sur tout ça.
— Putain, c’est dégueulasse quand même ! Pour tes cheveux, j’avais bien vu que tu étais blonde mais je ne savais pas pourquoi tu les avais teints en noir. Et tu n’as pas de famille ? Ouais, tu n’as personne. C’est normal que tu sois toujours déprimée.
— Il faut me laisser le temps, je ferai bien peau neuve un jour.

Un jour. Mais quand ? De nombreux mois ont passé depuis cette conversation mais je ne vois rien venir comme amélioration. Je rêve toujours de Jason, de ses bras si puissants. Même son air pédant et supérieur me manque. C’est dire...

De son côté, Kachina, dont le nom signifie "Danseuse Sacrée" dans la langue de sa tribu, est originaire de Bismarck dans l’État du Dakota du Nord ; elle en est partie à dix-sept ans pour la Minnesota University de Minneapolis où elle a étudié l’ethnologie et les cultures mandan et sioux. La tête pleine de rêves et d’envies de voyages, elle a tout quitté un an plus tard avec son petit ami du moment qui l’a larguée à San Francisco. Nous y sommes arrivées presque au même moment, en fait, et nous sommes rencontrées par hasard il y a deux mois en répondant à la même petite annonce.

En arrivant au restaurant, vêtue d’un vieux jean et d’un tee-shirt UCLA aux couleurs largement passées, je suis allée saluer le patron, Mr Derycke et sa femme, un gentil couple de sexagénaires toujours amoureux comme à la première heure. Ils sont Belges à ce qu’ils m’ont expliqué ; ce doit être une région française comme la langue qu’ils parlent quand ils s’énervent, ou comme leur cuisine. Puis je me suis attelée à passer l’aspirateur et le lave-pont dans la salle avant de dresser les tables. À 19 heures, je me suis douchée, maquillée légèrement et changée : petit tablier blanc sur jupe noire, chemisier blanc et escarpins noirs vernis pour assurer le vestiaire et l’accueil.

À 19 heures 30, Callie est entrée. Seule. J’installais un couple de clients réguliers à leur table fétiche quand je l’ai reconnue du coin de l’œil. Je me suis figée, mes pensées tourbillonnant et se percutant à la vitesse de la lumière. J’ai même songé à une coïncidence, à un sosie aussi. Je ne savais pas où fuir, alors je me suis retournée, raide comme un piquet, le visage figé et blafard tant le sang l’avait déserté, les yeux vides de toute expression.

Putain, elle t’a retrouvée, elle va t’annoncer que Jason est mort… Mon Dieu, j’aurais préféré rester dans ma bulle ; au moins je connais la quantité de souffrance qui la remplit, ma bulle. Maintenant, je vais tomber dans un océan de larmes et m’y noyer. Bah, ce n’est pas grave après tout, pour la vie que je mène.

Elle aussi s’est figée ; ses yeux sombres et si pleins de vie ont examiné mes traits, ont dû relever des changements ; pas en bien, car ses yeux ont soudain débordé de grosses larmes.

— Mon Dieu, Steph, c’est bien toi ? Tu as petite mine ; je vois que tu as dû souffrir. Je suis désolée.
— Ce n’est rien, je suis heureuse maintenant. Partez, je vous en supplie. Laissez-moi, je n’ai pas besoin de vous, ni de la famille Fishburne.

J’avais craché ce nom comme on cracherait du fiel, sans regarder Callie : je ne voulais pas voir ses larmes, je me fermais à toute émotion ; les émotions, c’est douloureux, et je ne voulais plus souffrir.

— Il est sorti du coma début novembre. Il va bien maintenant, et Dieu merci son cerveau n’a pas été lésé. Grâce à toi, Steph ; tu l’as sorti de l’eau à temps, tu l’as sauvé.
— Je suis heureuse pour lui, vraiment.
— Il t’attend, Steph, plaida-t-elle.
— Il m’attend ? J’ai refait ma vie, moi. J’ai quelqu’un ici, quelqu’un que j’aime et qui m’aime. Par pitié, dites-le lui, je ne reviendrai pas à Miami. Jamais.
— Steph, écoute-moi s’il te plaît. Je ne t’ai jamais menti.
— Partez, s’il vous plaît, partez s’il vous plaît, partez... (ma voix montait dans les aigus, je frôlais l’hystérie).
— Je sors.

Tête baissée, Callie s’est détournée de moi et est partie en silence ; j’ai poussé un gros soupir quand la porte s’est refermée, puis le chagrin m’a submergée, immense, un tsunami d’émotions trop violentes pour ma petite tête. Je suis tombée à genoux, mes jambes ne me portaient plus soudainement. Un cri primal a résonné dans la salle, un cri portant une souffrance indicible. Je ne comprenais même pas qu’il sortait de ma gorge. Des gens m’ont entourée, relevée : le patron et sa femme, le chef de salle, le sommelier.

Tu auras de beaux hématomes aux genoux, demain. Mais cette petite douleur n’est rien du tout ; tu devrais te jeter sous le Cable Car tout à l’heure ; tu ferais taire tous ces hurlements dans ton pauvre cerveau...

Je me suis retrouvée en cuisine, assise sur une chaise ; l’air soucieux, le patron m’a forcée à boire un petit verre de cognac. J’ai toussé ; il a tapé dans mon dos en murmurant des paroles d’apaisement.

— Calme-toi, Steph ; qui qu’elle soit de ton passé, elle est partie.
— Elle reviendra. Avec d’autres.
— Rentre chez toi. Il n’y a pas trop de réservations ce soir, file te reposer ; dans cet état, de toute façon tu ne peux pas travailler. J’appelle ta copine Kach, déclara-t-il d’un ton péremptoire en sortant son smartphone.

Je suis restée prostrée jusqu’à ce que mon amie s’accroupisse devant moi, ses grands yeux expressifs emplis de douleur.

— Steph, c’est moi. Ils t’ont retrouvée, c’est ça. Tu veux fuir ? Je suis avec toi, je ferai tout ce que tu décideras.
— Fuir ? À quoi bon : ils ont su me trouver ici et ils me trouveront n’importe où. Il y a qu’un endroit où je serai tranquille, maintenant. Je suis si lasse...
— Pas ça, ma chérie, pas ça ! Je t’en supplie, n’y pense même pas. Tu as vingt ans, tu es belle, tu ne peux pas gâcher tout ça. Viens, on rentre.
— Merci de faire ça pour moi, Kach. Et ton boulot ?
— Je ne commence qu’à 10 heures, j’ai le temps ; soit j’annule, soit tu viens avec moi.

De retour à notre logement, la jolie métisse m’a enveloppée dans un grand peignoir de bain ; je frissonnais en le serrant autour de mon cou et m’affalai dans notre vieux canapé. Un gros soupir plus tard j’ai fermé les yeux, me retranchant du monde. Il faut croire que Kach n’a pas capté le message ou l’a ignoré, car elle a enchaîné :

— Raconte qui tu as vu, quel fantôme du passé t’a mise dans un tel état.
— Callie ; Callista Fishburne, la tante de Jason. Je ne la connais pas beaucoup, mais c’est une femme bien, je crois. Son frère, par contre… Je ne veux pas les revoir. J’ai aimé Jason, mais j’ai eu trop mal, trop mal.
— Jason, c’est celui qui est dans le coma ?
— Il en est sorti. Je suis heureuse pour lui. Il est chez lui, avec les siens, et il trouvera une fille de son rang social.
— Il tient peut-être encore à toi, tu sais. Toi, je vois bien que tu l’aimes encore : quand tu parles de lui, tu…
— Arrête ! Il ne m’a jamais dit qu’il m’aimait ; j’étais juste une employée, une fille qu’il sautait de temps en temps. Rien de plus.
— Tu es sûre… commença-t-elle.
— Regarde ! C’est Callie qui est venue ici. Lui, il ne vient même pas me voir alors que ça fait six mois qu’il est sorti du coma. Il s’en fiche, de moi.

Je reprenais ma respiration quand des coups fermes ont retenti à notre porte d’entrée. Kach m’a fait signe de rester assise et est allée ouvrir en lançant :

— Ce doit être un gars de ton restaurant qui vient aux nouvelles, je vais l’expédier vite fait… Oups, pardon ! Oui ?
— Bonsoir, Mademoiselle ; est-ce ici qu’habite mademoiselle Stephanie LeBlond ? demanda une voix d’homme que je ne connaissais pas.
— Euh… non…

Une autre voix s’est interposée, une voix que je reconnaîtrais entre mille, elle, même si elle était moins forte qu’avant, un peu fatiguée.

— Mademoiselle Stephanie LaSalle, alors. Peut-être que vous la connaissez mieux sous ce nom-là. Je suis Jason. Jason Fishburne. Je suis…
— Oh putain... Oui, je sais. L’ancien patron de Stephanie. Elle n’est pas là, désolée.
— Kach, tant pis, laisse-les entrer, intervins-je d’une voix rauque. Je suis fatiguée.

Mon amie s’est reculée et m’a adressé un regard méfiant, comme si elle doutait du bien-fondé de ma décision. Et moi, tu ne crois pas que je doute ? J’ai envie de sauter par la fenêtre, oui ! De courir encore et encore, loin. De fuir encore et toujours un passé fait de chagrin et de douleur.

Un surfeur est entré, un grand blond aux cheveux bouclés, presque blancs, encore plus clairs que les miens, des yeux d’un bleu éclatant dans un visage bronzé qui respirait la forme. Des épaules de nageur de compétition – et je sais de quoi je parle – débordant d’un débardeur Rip Curl. Un surfeur, vous dis-je.

Et, entraîné par le bras du surfeur sur son épaule, Jason. C’était lui, et ce n’était pas lui. Toujours aussi grand, mais un peu voûté, la peau moins sombre que dans mon souvenir, pas mal de kilos en moins. Même sa démarche était hésitante, comme si lancer chaque pied pour marcher lui demandait un effort de concentration. Ses yeux sombres ne me quittaient pas alors qu’il avançait vers la chaise que lui désignait Kach. Il s’est assis lourdement en poussant un soupir involontaire, mais j’ai eu le temps de voir qu’il souffrait. Mon cœur s’est arrêté un instant avant de cogner de manière tumultueuse dans ma poitrine oppressée.

Je me suis repliée sur moi-même, les mâchoires douloureuses à force de les serrer.

Pas question que je parle : je vais encore dire des conneries, des mots que je vais regretter. Ferme-la, Steph. Mais putain, il a pas l’air frais quand même ; maigre, pâle – enfin pâle pour un Noir, quoi – il n’y a plus que ses yeux qui sont restés comme avant. Des lasers ; ils me brûlent. Et toi, Jason ; qu’est-ce que tu vois ? La Stephanie que tu connaissais ? Non, tu t’en rends compte, j’ai changé. Moi aussi j’ai perdu du poids ; je suis devenue une autre femme, plus dure, cynique, revenue de tout. Toutes mes illusions, tous mes espoirs, tous mes rêves sont restés à Miami.

— Bon, il faut que j’aille travailler, je peux te laisser, Steph ? Je peux compter sur toi pour ne pas faire de connerie ?
— Oui, file, ma chérie. Je serai sage. Promis.

Je m’exprimais difficilement, d’une voix sourde. Ma coloc a paru s’en contenter et elle a hoché la tête d’un air dubitatif, puis elle s’est tournée vers le surfeur et lui a souri de toutes ses dents aguicheuses.

— Vous venez ? Je pense qu’il vaut mieux les laisser seuls, ces deux-là. Je vous invite à mon club ; vous verrez, il y a des filles super canon qui ne demanderont pas mieux que de danser pour vous.
— Je pense que vous avez raison, Mademoiselle. Thomas Patterson, mais appelez-moi Tom.
— Enchanté, Tom ; Kachina Boyle, amie de Steph et danseuse exotique. Kach pour toi. Tu viens ?

Tom n’avait aucune chance de s’échapper ; il ne le savait pas, mais il était déjà pris, emballé et pesé. Kach lui a tendu la main paume vers le haut ; il l’a prise dans sa grosse patte. J’aurais juré qu’une décharge électrique puissante à traversé leur peau à l’instant du contact car ils ont tressailli tous deux, les yeux dans les yeux, et le sourire s’est effacé lentement du visage pur de mon amie. Un instant magique, celui où deux esprits fusionnent. Jason a eu la même sensation que moi, car après le départ du couple il a hoché la tête avec un demi-sourire.

— Si on m’avait dit que je verrais ça un jour… Tom succombant sans combattre ! Cela dit, ton amie est… magique.
— C’est une authentique sorcière indienne. Pourquoi êtes-vous venu ?
— Pour… c’est compliqué ; laisse-moi te raconter.
— Si je ne peux pas faire autrement ; allez-y, Monsieur.

Auteur : Matt Démon

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1 commentaire:

  1. La suite vient quand ? Pour une fois que la petite n'en prend pas plein le cul, j'espère que ça va continuer comme ça et qu'elle sera moins "humiliée". Je n'aime pas trop les récits où les sévices corporels et la persécution du corps sont trop présents et les précédents chapitres en abusaient trop à mon goût. Sinon, j'ai bien aimé le clin d'oeil à l'inculture américaine... la Belgique, une région de France... Digne des bourdes de la Fox ou de CNN !

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