mardi 6 janvier 2015

Youri Batar et la Liqueur Sacrée (7)

Lisez le chapitre 6
--- Chapitre 7 : Le placard à balais ---


Pendant ce temps…
Youri traversa l'esplanade et aperçut Vlado qui – comme prévu – se détachait du groupe, après quelques hésitations, pour se lancer à sa poursuite.
Il accéléra le pas pour garder de l'avance sur son suiveur. Bien entendu, Vlado était plus dangereux que ses deux comparses, des brutes stupides, et Youri essayait d'élaborer un plan efficace pour le contrer : le simple fait d'avoir sa cape était un atout majeur, mais cela ne suffisait pas.

Il prit sur la gauche face à l'aile ouest et remonta rapidement le long de la façade. Il ne sentait pas le froid glacial, il voulait surtout en finir avec ce malade de Vlado Loris, retrouver ses amis et aller enfin chez Areed pour continuer l'enquête.
D'ailleurs il se demandait pour quelle raison Vlado avait choisi le moment précis où ils se rendaient tous trois chez Areed pour annoncer ouvertement qu'il allait les suivre, les empêchant ainsi de bouger : juste une coïncidence ?


Il jeta un regard sur l'immense cour déserte et repéra soudain quelque chose au loin, au-delà de la haute galerie qui élevait son élégante structure gothique sur l'arrière-plan enneigé, quelque chose qui éveilla brusquement son intérêt et lui fit quelque peu oublier Vlado et les mystères de l'école : une silhouette noire, qu'il voyait de trois-quarts arrière, qui marchait lentement le long du jardin à la française tout blanc dans la direction des bassins et du terrain d'entraînement de Swipich.
Une silhouette emmitouflée dans un manteau noir court, avec des bottes noires, et de longs cheveux aussi noirs que les plumes d'un corbeau.
Choho Qu.
Elle se promenait dans le jardin de neige, et le cœur de Youri se mit à battre plus fort.
Aussitôt, sa détermination à se débarrasser de son poursuivant devint féroce, ardente : il fallait qu'il puisse rejoindre Choho, c'était le moment idéal pour lui parler en étant tranquille, sans témoins !

Il s'engouffra presque en courant dans le bâtiment principal par l'escalier ouest, et entendit Vlado qui accélérait pour ne pas le perdre.
Vite, bon sang, une idée !
Tout entier dans l'urgence, Youri réfléchissait à toute vitesse, et en grimpant les escaliers du petit hall il eut enfin un commencement de plan : les serres du premier étage !
Donnant sur toute la longueur de la coursive ouest, ces serres accueillaient et voyaient croître toutes les plantes servant aux différents cours de l'école, à l'élaboration des potions, et à l'infirmerie. L'entrée en était formellement interdite aux étudiants, sauf pendant certains cours de botanique magique, de potions ou d'herboristerie de défense ou de traitement curatif.
Mais Youri était supposé avoir un passe-partout exceptionnel, et il allait s'en servir !
Certes, il ne savait pas encore au juste comment, à vrai dire… il n'avait pas demandé quoi faire exactement face à une porte fermée, mais il allait expérimenter la chose sur le terrain.

La haute porte de la serre, vitrée et dont l'intérieur était recouvert de buée, se dressa devant lui. Il avait déjà sa baguette en main.
Il pensa tout simplement : « Ouvre-toi… » et faillit même ajouter « s'il te plaît », et quand il abaissa la poignée, la porte pivota tout naturellement sur ses gonds. Surpris et ravi, Youri entra, referma rapidement la fameuse porte, et eut le temps d'apercevoir Vlado qui ne cacha pas sa stupéfaction de voir Youri entrer ainsi dans un espace interdit sans aucune difficulté.
Youri se lança dans les allées encadrées d'une végétation luxuriante. Il régnait ici une douce chaleur très humide et une odeur lourde et entêtante. Il contourna un angle et, hors de vue de Vlado qui essayait vainement d'entrer en secouant la poignée, il prit sa cape dans la poche intérieure de sa pèlerine.
Il s'en recouvrit, et regardant le fond de la serre sous la haute structure en fer forgé, il eut alors une idée, ce qui le fit sourire. Il avait la solution, la conclusion possible de son plan : les Narcœ Parfumis Tenebrosæ.
Invisible sous sa cape, il pointa sa baguette sur la porte d'entrée : « Ouvre-toi… » et reprit sa route à pas de loup en direction du fond de la serre.

La porte s'ouvrit soudain sous la pression de Vlado, qui faillit basculer et se casser la figure à l'intérieur de la serre. Il poussa un juron, se redressa et refermant la porte, cria « Batar, espèce d'enculé, tu ne m'échapperas pas ! »
Tout en continuant sa progression silencieuse, Youri eut une petite moue sous sa cape : Vlado se lâchait vraiment, il ne l'avait jamais entendu aussi grossier, agressif et explicite qu'aujourd'hui !

Il surveillait du coin de l'œil l'avancée de son poursuivant qui regardait en tous sens, croyant qu'il se cachait parmi les plantes.
Veillant à ne faire aucun bruit, à ne faire bouger aucun feuillage qui débordait généreusement dans les allées, Youri vit les vitres des petites serres individuelles, hermétiques, des Narcœ Parfumis Tenebrosæ.
Ces plantes vénéneuses aux larges feuilles d'un magnifique noir velouté dégageaient naturellement un parfum enivrant qui constituait un puissant soporifique : elles avaient été enfermées à l'abri de l'air de la serre. Youri prit sa respiration, la bloqua, et prenant son élan et sa baguette en main, regarda les fermoirs des couvercles des élégantes petites serres qui contenaient les redoutables plantes : « Ouvre-toi… ouvre-toi… ouvre-toi… »
L'ouverture se fit, à peine perceptible, mais suffisante, et Youri courut en silence mais comme un fou le long de l'allée. Quand il eut ouvert la dernière serre, il se trouva devant la porte du fond de la serre. « Ouvre-toi… », et il se glissa à l'extérieur. Il la referma rapidement et reprit sa respiration.
Alerté par le bruit de la porte, Vlado apparut au fond de l'allée et se mit à courir. Il chancela soudain et jeta un regard perplexe autour de lui. Il aperçut alors les petites serres, les couvercles entrouverts, et il poussa un gémissement de rage en titubant avant de s'écrouler. Il s'agita, tenta de lutter, de ramper, mais tomba bientôt inanimé.

Youri poussa un cri de joie : invisible de l'extérieur, Vlado dormirait aussi longtemps que personne ne le trouverait, et le parfum ferait tomber quiconque entrerait dans les serres !
Il ne perdit pas de temps à triompher : maintenant qu'il était libre, il fonça vers la sortie, sa cape le protégeant toujours des regards.

Il dévala les escaliers et sortit en trombe, se dirigeant vers la partie des jardins où il avait aperçu Choho. Il chercha des yeux sa jolie silhouette, mais il n'y avait que le jardin, les bâtiments majestueux, la neige, le soleil et le froid. Nulle trace de celle qu'il espérait rejoindre, à qui il désirait parler. Il courait maintenant dans les allées du jardin, scrutant partout alentour, désespéré de la retrouver. Puis il songea au terrain d'entraînement de Swipich !
Choho faisait partie de l'équipe de Patdoye de Swipich, où elle était une très habile chopeuse. Elle était peut-être allée s'entraîner, profitant de la désertion de l'école par la plupart des élèves.

Il courut plus vite encore, et au loin il vit de la lumière par une des hautes fenêtres dans la salle d'équipement. Oui, elle était là ! Youri cessa de courir pour retrouver son souffle, sans quoi être invisible sous sa cape ne servirait à rien, car il voulait l'approcher sans qu'elle le sache. L’idée était peut-être idiote mais excitante.
Ayant retrouvé sa respiration, il arriva à la porte du bâtiment et la poussa doucement.

Il régnait dans la salle une douce chaleur. La jeune fille avait posé son manteau noir et examinait les balais d'entraînement accrochés au mur du fond. Youri la voyait de dos : elle avait une silhouette magnifique, de longues jambes avec d’élégantes bottes en cuir fin, une jupe assez courte sur des fesses très jolies de rondeur, une taille cambrée et, cascadant dans son dos, une superbe chevelure noire et brillante.
Concentrée sur la lecture d'une fiche technique – une petite plaque de cuivre vissée sur la paroi à côté de chaque balai – elle ne se rendit pas compte de l'ouverture de la porte que Youri, retenant son souffle, referma en silence.
Il s'approcha, le cœur battant si fort qu'il craignit qu'elle ne l'entende.

Elle était superbe. S'approchant pour l'observer légèrement de côté, il vit son profil, ses yeux bridés joliment maquillés, sa bouche sensuelle entrouverte. Mais soudain, elle se retourna, observant la salle, en alerte. Fronçant les sourcils, elle et s'exclama :
— Il y a quelqu'un ?

Elle ne regardait pas dans la direction de Youri, mais celui-ci se crispa. Il n'avait pas fait de bruit, il en était sûr : c'était peut-être le déplacement de l'air, ou son sixième sens à elle…
Il décida alors d'arrêter immédiatement de jouer. D'abord parce que la belle avait les sens aiguisés et qu'il s'avérerait vite difficile de donner longtemps le change, et surtout parce que ce n'était pas très malin de jouer à l’espion avec une fille qui semblait vouloir entrer en contact avec vous… Il redoutait qu'elle ne prenne très mal d'être ainsi observée à la sauvette : ce n'était pas très honnête ni très intelligent comme stratégie d'approche !
— C'est moi, Youri, dit-il à voix basse.

Choho se figea, stupéfaite, regardant attentivement du côté de la voix qui venait de prononcer cette courte phrase… Les yeux dans le vide, elle bredouilla :
— Mais… tu… es… Tu es invisible ?
Et puis soudain elle éclata de rire.
— Tu es un coquin, Youri, un petit salaud en fait, mais… prends-le affectueusement ! Ça fait longtemps que tu m'observes ?
— Non, concéda Youri en se déplaçant silencieusement autour d'elle pour qu'elle ne repère pas trop vite sa position dans la vaste salle, je viens d’entrer ici. À peine quelques minutes…
— Ah, tant mieux, répondit-elle en souriant, espiègle. Je me demandais… si tu avais assisté à ma douche ce matin !
— Oh non ! s'exclama aussitôt Youri en rougissant brusquement… sous cape, effrayé qu'elle pût imaginer cela de sa part.

Mais face au rire attendri qu'elle eut, il comprit qu'il avait réagi avec naïveté : elle venait en fait d'évoquer une idée… qu’il lui plaisait d'évoquer.
Perplexe, le jeune homme ne se sentait pas à la hauteur de cette si jolie fille qui riait avec une ironie gentille, mais… un peu à ses dépens tout de même. Il retira donc sa cape et lui apparut. Cessant de rire, Choho Qu le dévisagea avec intensité et un léger sourire étrange.
Et c’est à voix basse qu’elle lui fit une demande plus étrange encore :
— Remets ce… cette chose ensorcelée sur toi, Youri, un petit peu. J’aime bien quand tu m'observes et que je dois… deviner ton regard.

Le cœur battant fort mais ne sachant au juste ce qui l'affolait dans ce qu'elle venait de dire, il s'exécuta et disparut à nouveau.
Choho se rendit alors à la porte. Il ne comprit pas pourquoi et craignit qu'elle ne veuille partir, mais au contraire elle fit jouer le gros verrou, les enfermant dans la salle. Et elle éteignit la lumière en tendant sa baguette magique vers le gigantesque lustre baroque qui empesait une grande poutre coupant la salle en deux à une hauteur formidable.
Une pénombre douce envahit les lieux ; seules les étroites fenêtres – elles aussi très hautes – diffusaient la lumière généreuse du soleil d'hiver. Il faisait chaud.

Youri contempla à loisir son visage si féminin, au dessin volontaire mais empreint de délicatesse, sa bouche qui était une promesse de sensualité, ses yeux vifs qui fouillaient la pièce à la recherche d'indices pour le localiser.

— Tu me regardes ?
— Je ne fais que cela. Que faire d'autre quand tu es là ? murmura Youri en souriant.
— C'est gentil… Tu regardes… quoi de moi ?

Youri garda le silence quelques secondes, envahi de trac et de frissons, saisissant immédiatement cette fois-ci ce que sous-entendait cette question toute simple : il devait prendre l'initiative verbale et ne pas se tromper, ne pas aller trop vite trop loin, laisser l'échange diriger l'imprévisible vers… ce qu'il y avait de meilleur !

— Je regarde tes yeux… Ils sont beaux, pleins d'ironie et de gentillesse…
— L'ironie… est un style que je me donne… tu sais ? répliqua-t-elle avec une curieuse petite voix.
— Je regarde tes cheveux, continua Youri qui avait glissé sans bruit de l'autre côté, et elle jeta un œil amusé vers lui. Ils sont merveilleux d'éclat, de reflets, on dirait… une étoffe irréelle.
— Ils sont doux, j'en prends grand soin… Veux-tu… les… les toucher, les caresser ?

Elle resta immobile, rougissante. Youri s'approcha d’elle par derrière, sortit une main de sous la cape et, très ému, il risqua une caresse toute retenue : sa chevelure noire était soyeuse, d'une infinie douceur, et en appuyant ses caresses lentes, bouleversé d'émotion érotique, il fut troublé par le fait qu'en caressant ses cheveux il caressait le dos derrière l'impeccable rideau de cheveux de jais.
Choho ne bougeait pas, bouleversée elle aussi.
Il cessa sa caresse et choisit de se rendre à nouveau invisible, de se mettre à nouveau à distance, devant elle, et d'une voix mal assurée qui trahissait son trouble, il reprit :
— Je regarde… ta bouche. Elle me fait rêver.
— Elle rêve de toi, déclara doucement la jeune fille. Et que regardes… que regardes-tu d'autre ?
— Ton cou adorable. Et je regarde tes seins.

Choho semblait retenir son souffle… Ses mains tremblèrent un peu quand au bout de quelques secondes elle les ramena à hauteur de sa poitrine et entreprit de déboutonner lentement son chemisier.
Youri, le souffle court et des picotements sous la peau, ne bougeait pas, dévorant des yeux le spectacle intime, trésor qui lui était réservé, à lui seul, à jamais inoubliable, de la fille de son cœur qui se déshabillait pour lui.
Il vit apparaître le renflement tendre de ses seins au-dessus de la dentelle noire de son soutien-gorge. Sa peau était délicatement hâlée d'une teinte subtile ; ses origines chinoises lui avaient apporté une peau ravissante et, au-delà, une beauté renversante.
Elle continua d'égrainer les boutons de son chemisier blanc si sage, puis le fit glisser le long de ses bras, de son dos, et il tomba au sol.

— Je regarde toujours tes seins à travers la dentelle : ils sont ravissants, somptueux. Je voudrais…

Il se tut.

— Tu voudrais… quoi ?
— … les caresser, je voudrais les prendre dans mes mains, les soupeser, oui : les caresser… les…

Tandis qu'il parlait, la jeune fille, les joues roses, faisait cela à la place de son homme invisible : ses belles et longues mains s'étaient refermées sur l'arrondi de sa poitrine. Elles caressèrent, soupesèrent, malaxèrent doucement… Youri avait un mal fou à continuer !
Mais le jeu l'exigeait, le jeu, source de plaisir imprévu, un plaisir qui s'épanouissait en liberté dans les mots murmurés, dans les tensions subtiles et fortes qui se créaient dans l'air vibrant de la salle où ils s'offraient l'un à l'autre à distance, visible et invisible, masqué et exhibée…

— Je voudrais les prendre entre mes lèvres, promener ma bouche dessus… Les sucer, en sucer le bout, les mordiller…
— Tu m'affoles, Youri, chuchota la jeune fille en se massant doucement les seins.
— J'ai envie de te regarder encore… Admirer ton ventre… nerveux et tendre, magnifique… et regarder ta taille… rêver d'y poser mes mains… et te tourner autour… et regarder ton dos cambré derrière ta chevelure si belle, et tomber sous le charme de tes fesses…

Clairement hésitante tant elle était troublée, Choho descendit ses mains le long de son ventre, s'arrêta, frémissante, et remonta finalement avec une lenteur infinie sa jupe noire plissée.
C'était une torture pour Youri, une folie des yeux, des nerfs, un enfer de se retenir immobile, silencieux… mais un délice étourdissant qui faisait brûler son désir.

Ses fesses apparurent finalement, joliment moulées dans le coton fin d'une petite culotte noire au-dessus de laquelle, au creux de ses reins, la jeune fille retint sa jupe troussée.
Le pli… Mon Dieu… Le pli sous ses fesses ! Il n'y avait rien de plus totalement délicieux que ce pli délicat et affolant sous chacune de ses fesses rondes !
Il s'approcha, tendit un main invisible sous sa cape, et plaça tout légèrement, timidement, une main fiévreuse contre ce creux, le creux, le pli au bout de ses doigts, à l'amorce de la fente verticale de ses fesses, à quelques millimètres de l'entrée du trésor, petite grotte intime, l'arrondi qui plonge vers son sexe, le sexe de Choho à l'abri fragile, comme déjà offert, entre ses cuisses.
Quand elle sentit le toucher très délicat de cette main invisible (pouvait-on imaginer plus respectueuse main au cul ?), la jeune fille gémit en sourdine.
Youri retira sa main doucement, le cœur battant la chamade. Il avait un coup de chaleur sous sa cape, avec son gros pull et sa pèlerine !

Elle laissa retomber sa jupe, fit glisser la fermeture Éclair, et la jupe tomba par terre. Youri se recula lentement et l'admira.
— Tu es sublime, et totalement désirable. J’en ai le vertige…
— Ça rend fou, ce qu'on fait, murmura Choho, les yeux rêveurs et fiévreux. Mais c'est un délice… incroyable… Et c'est tellement beau, Youri, de… de s'aimer ainsi avant… de s'aimer. Je suis folle de désir…
— Je regarde… ton sexe.

Choho posa ses doigts – juste le bout de ses doigts – contre son pubis, contre sa culotte.

— Il brûle, il est… il est mouillé, tu sais ? Oh mon Dieu, jamais… je n'aurais pensé parler ainsi de moi… devant… quiconque, amant ou pas… C'est dingue, Youri, le… le plaisir que je prends à te dire ces mots : mon sexe est tout mouillé !
— J'ai trop chaud. Ferme les yeux, je vais enlever ce pull et ma pèlerine, sinon je vais mourir !
— Oh non, pitié Youri, ne meurs pas, implora Choho en éclatant de rire.

Elle ferma les yeux, heureuse qu'il ait changé un peu de sujet, juste un moment, car elle ne savait plus quoi penser de sa pudeur malmenée par le désir éclatant né de leur jeu, des mots et des images mentales.

Youri enleva pèlerine, pull et cravate, déboutonna le haut de sa chemise. Il se sentit mieux… Puis il reposa sur lui la cape :
— Voilà, Choho…

Elle ouvrit les yeux, vit les vêtements par terre, mais aucune trace de Youri.
Elle eut alors un petit rire :
— J'adore cette partie de cache-cache amoureux… Parle-moi de toi…

Il tourna autour d'elle qui s'offrait à son regard, admirant ses courbes, ses jambes longues dans ses bottes, l'arrondi de sa poitrine, et ces plis diaboliques, le lissé noir de ses cheveux longs qui semblaient une sculpture.

— Moi ? Je continue à ne faire que cela : te regarder, comme jamais je n'ai regardé une femme ni même regardé quelqu'un. Je te regarde, magnifique, sous mes yeux, et je bande, je bande terriblement, sans que tu puisses le voir…
— Oui, parle-moi… encore… de ça, murmura-t-elle tout bas.
— Mon sexe, je le libère… Il est raide, dressé, entre mes doigts… Mais il est trop impatient : je veux attendre…
— Attendre ? s'étonna Choho en souriant. Oooh… attendre, oui, c'est terrible… mais je veux bien attendre… encore.

Youri avait eu une idée qui l'excitait. Il tendit la main vers le mur du fond et se concentra.
Son balai d'exercice, un Woodystorm RX-S, se détacha lentement de son râtelier et traversa doucement la pièce, perpendiculairement. La jeune fille se mit à rire en découvrant le balai qui flottait vers elle…
— Que me proposes-tu, Youri ?
— Un petit vol d'exercice en salle, répondit le jeune homme. J'ai envie de te voir chevaucher mon balai, ma belle…

Il maîtrisait parfaitement le balai à distance : sa concentration était parfaite parce que ses nerfs étaient totalement sous tension. Le désir sexuel intense lui permettait d'avoir un contrôle total, presque inédit, sur son balai.

Choho, toujours souriante, attendit que le balai soit à portée de main et empoigna doucement le manche. Elle l'enjamba, et pour Youri ce fut une vision intensément désirable que de contempler Choho en sous-vêtements noirs, avec ses longs cheveux noirs, ses bottes noires, et sa peau tendrement veloutée, à cheval sur son balai.
Légèrement derrière elle, il voyait ses fesses qu'elle bombait un peu, et le manche entre ses jambes serrées : c'était affolant !

Elle ne tenta pas de prendre le contrôle du Woodystorm. Youri le sentit, et il la fit s'élever lentement. Elle quitta le sol, ses jambes se replièrent un peu. Elle avait un grand sourire, cherchant des yeux alentour où pouvait bien se trouver le jeune homme qui lui offrait cette ascension très particulière.
Alors Youri se concentra un peu plus et tenta quelque chose qu'il savait possible, mais qu'il n'avait jamais essayé : les nerfs vrillés, il crispa les muscles de son bras pointé en direction du balai et fit trembler sa main, juste par tension musculaire et nerveuse.
Choho poussa un cri.
À cinq mètres du sol, entre ses cuisses serrées, le balai venait de vibrer sur toute sa longueur !
Affolée, elle crut qu'il allait tomber et elle avec, pensant que le Woodystorm avait des ratés.
Mais elle jeta un coup d'œil inquiet vers le sol et découvrit Youri : il avait enlevé sa cape, il était beau avec sa chemise blanche ouverte et son pantalon noir, et il la regardait en l'air avec un sourire éclatant. Elle aperçut sa main tendue vers elle et il y eut encore une longue vibration qui la fit crier à nouveau.
Elle comprit alors son petit jeu, et en fut très troublée :
— Youri ! cria-t-elle en riant, tu es complètement fou !

Il eut lui aussi un rire joyeux et envoya dans le balai une autre vibration, plus sourde, qui dura quelques secondes et qui procura à Choho une onde de plaisir qui n'était pas vraiment inédite, car depuis qu'elle pratiquait le Swipich, comme toutes les filles elle avait déjà ressenti une délicieuse excitation à se frotter contre le manche de son balai, surtout lors des descentes en piqué ou sur un virage serré, quand toutes les sensations extrêmes se réunissent dans une vertigineuse accélération. Elle avait même souvent recherché cela… Toutes les pratiquantes du Swipich connaissaient cette excitation, mais personne n'en parlait : ça ne se faisait pas, sujet intime et tabou, mais elle avait connu la jouissance en l'air, et même des jouissances répétées, par frottement de son clitoris sur le manche.
Il y avait d'ailleurs une expression très équivoque parmi les filles après un match particulièrement intense : dire que son balai était « brillant ». Oui : brillant de mouille !

Mais là, c'était nouveau, inattendu, et terriblement troublant : le mec qu'elle désirait faisait vibrer le balai qu'elle chevauchait !
Et encore mieux : le Woodystorm se mit à voler doucement en avant dans les hauteurs de la grande salle. C’était merveilleux… Elle se laissa aller, détendit ses cuisses et ferma les yeux, étourdie de sensations étranges. Un autre frisson traversa le manche ; il dura longtemps, et elle le sentit s'infiltrer en elle, collé à son clitoris qui se raidissait à travers sa culotte… Ça la fit gémir, et grimacer un sourire : quel diabolique et délicieux manège !

Au sol, suivant des yeux l'attelage provocant et excitant de Choho sur son balai, Youri maîtrisait de mieux en mieux l'envoi des vibrations : il ne crispait plus son bras tout entier dans une tétanie épuisante, mais agitait simplement la main en un petit tremblement souple, qui devint continu car la jeune fille, c'était évident, semblait apprécier de plus en plus l'utilisation détournée qu'il orchestrait de son balai d'exercice !
Choho, à six ou sept mètres du sol, perdait pied, la tête envahie de plaisir : bouche ouverte en un cri silencieux terriblement suggestif, elle se laissait pénétrer par les vibrations du manche… mais cependant… mais cependant… ce qu'elle voulait, c'était la queue de Youri, pas un manche en bois, même magique, même de compétition !
— Youri ! s'exclama-t-elle, je t'en prie, fais-moi descendre, fais-moi l'amour, j'ai envie de toi, affreusement envie de toi !

Le jeune homme, du coup moins concentré, cessa ses vibrations mais parvint à maîtriser la descente du Woodystorm et de son excitante passagère au bord de la jouissance.
Celle-ci lâcha son balai coquin et roula sur le dos au milieu de la salle. Sans aucune retenue, elle descendit sa culotte imbibée de désir et tendit son sexe, cuisses largement ouvertes, vers Youri, lequel fut très perturbé par cette pose terriblement excitante.
Offerte comme jamais elle ne l'avait été pour les deux garçons qui avaient eu la chance de coucher avec elle, elle le regarda les yeux mi-clos et le supplia de la prendre.
Le jeune homme fondit sur elle, le sexe à la main, se mit à genoux et posa son gland entre les lèvres luisantes de la chatte de celle dont il n'avait rêvé jusqu'à présent… que d'échanger un baiser avec elle !

Elle cria, il poussa, elle cria encore, s'empara soudain de ses hanches et le bascula sur elle avec force, cria encore quand il l'enfila d'un coup !
Les bras de Youri en appui au sol de chaque côté de ses épaules maintenaient relevées ses cuisses ; de son bassin, elle accompagna le rythme des coups de queue, ponctués de geignements de plaisir : enfin ils faisaient l'amour, comme des fous, après leur si long, patient et inventif préliminaire !
Place aux muscles, aux sexes affamés, à la sueur du désir, à la peau des amants qui frotte et se brûle… Elle sentait l'irritation de son clitoris à chaque assaut qui claquait sa vulve écartelée contre le pubis masculin ; l’orgasme la submergea sans prévenir et elle poussa un cri étranglé. Dans son délire, elle profita des coups de pilon de son amant pour aller le plus loin possible dans la jouissance. Son amant accélérait de plus en plus. Elle serra les dents, suffoquée.
Les vagues traversaient sa tête, et elle partit si bien qu'elle se rendit compte avec un peu de retard que Youri allait exploser. Elle lui agrippa alors le dos à pleines mains pour précipiter ses dernières allées et venues, et dans un cri d'abandon, il s'immobilisa, glissa fort une dernière fois jusqu'au fond de son ventre et se mit à éjaculer.

Ce fut si fort que Choho en resta bouche bée, terrassée par l'explosion jouissive de son amant ! Rien à voir avec les petites giclées satisfaites de ses deux ex, l'an dernier et il y avait quelques mois : la puissance de son orgasme la combla, dans un volcan intérieur qui se déversa avec rage. Elle sentait sa queue se gonfler, se raidir, et la chaleur brûlante du sperme qui jaillissait : c'était stupéfiant, une expérience unique qui la fit jouir à nouveau par surprise. Elle ferma les yeux de toutes ses forces et secoua la tête en tout sens.

Quand elle ressortit avec lui de la salle d'entraînement, dans la lumière aveuglante de la neige, elle était à bout de forces. Il la soutenait amoureusement, mais ne valait guère mieux qu'elle : une démarche prudente de petits vieux, ils avaient les jambes en chiffon, tenaient à peine debout…
Il n'avait aucune envie de rejoindre ses deux amis Run et Cordery et de mener une quelconque enquête, il voulait juste quelques trucs super-simples : dormir avec Choho, puis quitter l'école avec elle en fin de journée, l'épouser, avoir dix enfants, et puis mourir très vieux.
C'était le seul programme intéressant pour lui.

Un quart d'heure plus tard, il pénétrait dans la salle commune des Morhonpionsse, un pâle sourire sur son visage exténué. Cordery se mit à rigoler en le voyant et s'exclama joyeusement :
— Eh ben alors ? Ça fait une heure qu'on t'attendait ! Qu'est-ce tu foutais ?!

Auteur : Riga

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