lundi 31 octobre 2016

Halloween

En cette soirée du 31 octobre, j’attends la venue des enfants déguisés et maquillés qui font la chasse aux bonbons ; comme chaque année, j’en ai constitué un bon stock et creusé une citrouille pour en faire un Jack-o’-Lantern qui, placé sur le rebord d’une fenêtre et éclairé de l’intérieur par une bougie, indique que je participe à cette fête païenne de Samain au cours de laquelle les Celtes prétendaient avoir accès à l’Autre Monde, celui des esprits maléfiques et des dieux.

Alors que le soir tombe et que je regarde à la télévision un épisode des Simpsons « spécial Halloween », la sonnette retentit. Quittant la mezzanine, je me précipite dans l’escalier hélicoïdal pour rejoindre le rez-de-chaussée. Lorsque j’ouvre la porte, je me trouve face à cinq gamins grimés et déguisés qui me tendent des paniers et des sacs pour que j’y dépose des confiseries en réclamant :

— Des bonbons ! Des bonbons !

Satisfaits, ils me remercient et s’éparpillent en piaillant dans la brume qui commence à étirer ses voiles opaques. Je remonte en vitesse dans la mezzanine pour la suite des aventures d’Homer et de sa famille.

D’autres quémandeurs de friandises me dérangent à plusieurs reprises, et à chaque fois les petits fantômes, zombies ou squelettes plus ou moins bien déguisés repartent dans la nuit qui est à présent tombée. Je prends mon iPhone pour réaliser quelques photos de la maison dans la brume et du Jack-o’-Lantern qui la décore quand je m’aperçois que celui-ci a disparu ! Je suis dépité, vu le temps que j’avais passé à le confectionner.

Décidé à me venger de ces galopins s’ils venaient à repasser chez moi, je décide de les effrayer. Je passe un masque de sorcière particulièrement hideux avec son menton en galoche, son long nez tordu parsemé de verrues, ses sourcils en broussaille et son teint blanchâtre, revêts une longue cape sombre et me coiffe d’un large chapeau pointu de sorcière.

Je n’ai pas beaucoup de temps à attendre sous le masque étouffant avant d’entendre le tintement de la sonnette ; lorsque j’ouvre la porte en émettant un ricanement sardonique, les enfants se figent sur place, pétrifiés par cette apparition, puis ils font volte-face et s’enfuient en courant ; j’en entends même certains pleurer. Satisfait de mon stratagème, je me débarrasse de mon déguisement et remonte dans la mezzanine ; malheureusement, ma série préférée étant terminée, je m’installe devant mon ordinateur pour consulter les nouveautés sur le site Café Aphrodite.

Quelques minutes plus tard, nouveau tintement de sonnette. Lorsque j’ouvre, je me retrouve non pas face à des enfants, mais à un adulte. Une adulte, devrais-je dire, car les formes que recouvrent son justaucorps noir sur lequel est peint un squelette m’indiquent qu’il s’agit d’une femme, et même d’une très belle femme ; quel dommage que je ne puisse distinguer son visage recouvert d’une citrouille ! Une citrouille très bien faite, d’ailleurs, sculptée avec beaucoup de réalisme, à tel point que lorsque cette femme prend la parole, la bouche s’ouvre, dévoilant de petites dents triangulaires semblables à celles des requins. Elle m’interpelle :

— Alors c’est vous qui effrayez les enfants ?
— Oh, c’était juste une plaisanterie…
— Une plaisanterie, peut-être, mais de fort mauvais goût !
— Attendez, je vais vous expliquer. Entrez ; vous avez bien cinq minutes ?

Elle me précède dans le living et s’installe sur le fauteuil que je lui désigne. Je m’assieds sur le canapé qui lui fait face.

— Vous boirez bien quelque chose…
— Non, merci. J’attends vos explications.

Je me verse une lampée de Chartreuse verte dans un verre à liqueur et m’absorbe durant quelques secondes dans la contemplation de l’alcool.

— En fait, ces gamins se sont permis de dérober la citrouille que j’avais sculptée. J’ai voulu leur donner une leçon.
— Vous vous y êtes pris plutôt mal !

C’est vrai que je les ai un peu brusqués, ces gamins. J’avale une gorgée de Chartreuse pour me donner une contenance ; lorsque je repose mon verre, je constate que mon interlocutrice a adopté une posture plus décontractée : bien calée contre le dossier, elle a croisé les jambes.

— Ce n’était pas très habile de votre part, reprend-elle.
— Peut-être ; certainement parce que je ne suis pas habitué aux enfants. Voyez-vous, je suis un célibataire endurci.
— Pourtant, vous êtes bel homme…

En disant cela, elle décroise ses jambes et les écarte largement. Mon regard est inexorablement attiré par les cuisses fuselées et remonte vers leur jointure. Elle ne porte aucun sous-vêtement ; le justaucorps moule admirablement une vulve aux lèvres charnues d’où suinte un liquide qui forme une tache sombre sur le tissu foncé. Elle se tait et me regarde fixement. Il me semble voir les lèvres de la citrouille esquisser un sourire…

Incapable de résister à cet appel obscène, je me précipite vers la belle et m’agenouille devant elle pour poser mes lèvres sur le fruit juteux à peine masqué par les mailles du fin tissu déjà gorgé de suc dont ma langue se régale durant des minutes qui me semblent interminables. Ce n’est que lorsqu’elle se pose sur son clitoris rigide pour y effectuer quelques mouvements de va-et-vient que je sens ses jambes se crisper, son ventre se projeter vers ma bouche avide et que j’entends un long râle de jouissance.

— Merci ; c’était vraiment délicieux… À présent, relevez-vous. Oh, mais je ne vais pas vous laisser dans cet état, mon pauvre Monsieur !

Joignant le geste à la parole, elle extirpe de mon pantalon ma verge congestionnée au bord de l’explosion, se penche et la fait pénétrer dans sa bouche. J’apprécie pendant quelques secondes les délicates caresses de sa langue.

Ce n’est que lorsque je sens ses dents pointues et coupantes comme des lames de rasoir se refermer derrière la couronne de mon gland que je hurle de douleur et de terreur alors que mon sperme mêlé à mon sang se déverse à gros bouillons dans la bouche de la citrouille que je comprends que la belle ne portait pas de masque.

Auteur : Lioubov

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